dimanche 27 mai 2012

27/05/2012 (69/366)

"Aujourd'hui trop de"


Ce matin je fis un effort. Chaque année à la Pentecôte, la ville de Dives-sur-mer  accueille quelque cent à deux cents masques vénitiens. Les mascarades de Dives. Les costumes chatoyants et extravagants attirent une foule extraordinaire et chacun se presse, armé qui d’un appareil photo, qui d’une caméra, pour  enfermer dans les boîtiers numériques ces personnages mystérieux. Ceux-ci  ne boudent pas le plaisir des photographes, ni le leur, et s’empressent d’adopter  des poses gracieuses dès qu’on objectif Canon, Nikon ou autre Leica pointe son nez.  Car cette gigantesque parade est un jeu.
Le discours du maire fut élogieux. Il ne manqua pas de faire applaudir moult fois organisateurs, couturières et costumés venus du monde entier. Mais il fit aussi son mea culpa. La veille, tant de monde s’était précipité au port pour admirer le défilé des masques que par sécurité il avait fallu évacuer une partie du public, afin d’éviter un accident. Il y avait tout simplement trop de monde…Beaucoup ont dû  repartir sans avoir vu le moindre loup.
En conclusion, le maire avoua que le port de Dives n’est plus assez grand pour absorber les milliers de personnes venues consommer du rêve déguisé à la mode vénitienne.
Malgré mon dos bon à rester en chaise longue, je n’ai pas failli à la tradition et ai succombé à mon tour, comme mes semblables, à cette manie de collectionner quelques invraisemblables traces colorées d’un univers irréel mais magique. Non sans arrière-pensée. Pourquoi sommes-nous si nombreux à poursuivre ces fantasmes, aussi  futiles qu’élégants ?  Peut-être une sorte de légèreté, de luxe qu’on imaginerait gratuit, pour oublier, juste un instant, ce monde devenu triste, embourbé dans ses contradictions et ses angoisses. 

3 commentaires:

  1. Nécessité absolue de décompresser et de se faire du bien en regardant de belles choses. C'est précieux.

    RépondreSupprimer
  2. La boue de notre monde porte déjà en germination des étincelles...

    RépondreSupprimer
  3. Et il faut s'en saisir pour faire jaillir la lumière
    Donc être prêt

    RépondreSupprimer