Ce matin je fis un effort. Chaque année à la Pentecôte, la
ville de Dives-sur-mer accueille quelque
cent à deux cents masques vénitiens. Les mascarades de Dives. Les costumes chatoyants et extravagants attirent une foule extraordinaire et chacun se
presse, armé qui d’un appareil photo, qui d’une caméra, pour enfermer dans les boîtiers numériques ces
personnages mystérieux. Ceux-ci ne boudent
pas le plaisir des photographes, ni le leur, et s’empressent d’adopter des poses gracieuses dès qu’on objectif Canon, Nikon ou autre Leica pointe son nez. Car
cette gigantesque parade est un jeu.
Le discours du maire fut élogieux. Il ne manqua pas de faire
applaudir moult fois organisateurs, couturières et costumés venus du monde
entier. Mais il fit aussi son mea culpa.
La veille, tant de monde s’était précipité au port pour admirer le défilé des
masques que par sécurité il avait fallu évacuer une partie du public, afin d’éviter
un accident. Il y avait tout simplement trop
de monde…Beaucoup ont dû repartir
sans avoir vu le moindre loup.
En conclusion, le maire avoua que le port de Dives n’est
plus assez grand pour absorber les milliers de personnes venues consommer du
rêve déguisé à la mode vénitienne.
Malgré mon dos bon à rester en chaise longue, je n’ai pas
failli à la tradition et ai succombé à mon tour, comme mes semblables, à cette manie de collectionner quelques invraisemblables traces colorées d’un univers irréel mais magique. Non
sans arrière-pensée. Pourquoi sommes-nous si nombreux à poursuivre ces fantasmes, aussi
futiles qu’élégants ? Peut-être une sorte de légèreté, de luxe qu’on
imaginerait gratuit, pour oublier, juste un instant, ce monde devenu triste, embourbé dans ses contradictions et ses angoisses.
Nécessité absolue de décompresser et de se faire du bien en regardant de belles choses. C'est précieux.
RépondreSupprimerLa boue de notre monde porte déjà en germination des étincelles...
RépondreSupprimerEt il faut s'en saisir pour faire jaillir la lumière
RépondreSupprimerDonc être prêt