mercredi 30 mai 2012

29 mai 2012 (70/366)

Bijou


A est une petite fille toute mignonne. C’est ma belle petite-fille. Belle parce que c’est un soleil à elle toute seule. Un bijou vivant. Et puis belle parce que c’est comme cela que l’on peut nommer, sans doute,  la fille d’un beau-fils. Le langage est bizarre. Certes, j’ai commencé l’étude de la généalogie, mais mon ignorance est  au moins aussi grande que le travail à fournir pour retrouver mes ancêtres.
Et, finalement, on s’en fiche. A est toute belle, cela suffit.
Et ce matin le bijou vivant me présente fièrement sa petite main de six ans, qui porte une magnifique bague violette. Un superbe objet en plastique, en forme de nœud.
Je ne sais pas ce qui est le plus joli dans tout ça, entre le sourire de A, les yeux de A et ce petit nœud violet qu’elle a voulu me faire découvrir.
C’est un assortiment de bijoux qu’elle m’offre aujourd’hui.

dimanche 27 mai 2012

27/05/2012 (69/366)

"Aujourd'hui trop de"


Ce matin je fis un effort. Chaque année à la Pentecôte, la ville de Dives-sur-mer  accueille quelque cent à deux cents masques vénitiens. Les mascarades de Dives. Les costumes chatoyants et extravagants attirent une foule extraordinaire et chacun se presse, armé qui d’un appareil photo, qui d’une caméra, pour  enfermer dans les boîtiers numériques ces personnages mystérieux. Ceux-ci  ne boudent pas le plaisir des photographes, ni le leur, et s’empressent d’adopter  des poses gracieuses dès qu’on objectif Canon, Nikon ou autre Leica pointe son nez.  Car cette gigantesque parade est un jeu.
Le discours du maire fut élogieux. Il ne manqua pas de faire applaudir moult fois organisateurs, couturières et costumés venus du monde entier. Mais il fit aussi son mea culpa. La veille, tant de monde s’était précipité au port pour admirer le défilé des masques que par sécurité il avait fallu évacuer une partie du public, afin d’éviter un accident. Il y avait tout simplement trop de monde…Beaucoup ont dû  repartir sans avoir vu le moindre loup.
En conclusion, le maire avoua que le port de Dives n’est plus assez grand pour absorber les milliers de personnes venues consommer du rêve déguisé à la mode vénitienne.
Malgré mon dos bon à rester en chaise longue, je n’ai pas failli à la tradition et ai succombé à mon tour, comme mes semblables, à cette manie de collectionner quelques invraisemblables traces colorées d’un univers irréel mais magique. Non sans arrière-pensée. Pourquoi sommes-nous si nombreux à poursuivre ces fantasmes, aussi  futiles qu’élégants ?  Peut-être une sorte de légèreté, de luxe qu’on imaginerait gratuit, pour oublier, juste un instant, ce monde devenu triste, embourbé dans ses contradictions et ses angoisses. 

vendredi 25 mai 2012

25/05/2012 (68/366)


Aujourd’hui, je ne sais pas. Ni demain, d’ailleurs.
Car j’ai décroché. C'est vrai.
Plus exactement c’est mon dos qui a décroché . Et moi avec.
On a dévissé.
Cinquième vertèbre lombaire.  Nous nous connaissons bien, elle et moi.
Je ne savais pas mercredi qu’un cauchemar me guettait le lendemain, sinon j’aurais tenté à l’aide de quelque magie noire d’exorciser cette troisième malédiction, avant qu’elle ne se produise.
Qui sait, j’aurais peut-être ainsi fait d’une pierre deux coups, et répondu  dans l’allégresse à la consigne « hitchcockienne… » d’avant-hier.
Mais jeudi, ce fut en quelque sorte très mécanique :  à quatre pattes dans mes pétunias  roses pour célébrer la joie d’un soleil resplendissant, j’ai négligemment saisi un quelconque outil  de jardinage, posé à ma gauche, et la cinquième vertèbre lombaire , peu contrariante,  a suivi le mouvement.
Je savoure le plaisir de ne plus pouvoir faire un pas sans m’incliner vers le sol comme un vieil arbre fatigué.
Bientôt le nez contre la terre.
Je pense à Obni et j’ignore de quoi demain sera fait.

23/05/2012 (67/366)


Mercredi  23 mai
Hier « Assez de »
Enfin, hier le soleil est revenu. Le bien-être pur. Alors je n’ai rien écrit. J’en avais eu assez. Assez de contraintes. Assez de pluie, de pluie et encore de pluie. Hier j’ai acheté des fleurs, je les ai plantées et j’ai bu le soleil et le vent tout l’après-midi, comme si jamais je ne pourrais en avoir assez.

lundi 21 mai 2012

21 mai 2012 (66/366)

"Aujourd'hui une photo qui vous touche"

J’ai ouvert de nouveau la boîte à souvenirs. Magie d’un monde disparu.
S’il fallait n’en garder qu’une, ce serait celle-ci.
Moyen format, noir et blanc, imprimée sur carte postale, format 9x13,5. Comme on faisait avant. 
Cinq personnes  sur la photo, de tous âges, dont un tout petit enfant porté dans les bras d’une jeune femme. Sur les genoux d’un  homme se cabre un petit chien, le « ratier », tenu au collier par une fillette d’une dizaine d’années. Et  surtout, au centre, un homme plus âgé, coiffé d’un  béret, avec de grandes moustaches blanches. Bras tendu, il maintient fièrement  par la longe deux gros chevaux de labour, un blanc et un noir. 
Un bâtiment de ferme à l’arrière-plan. Au sol, partout, de la paille.
Une des rares photos de mes ancêtres maternels. Qui vivaient du travail de la terre. Et n’auraient pas voulu se laisser photographier sans leurs animaux, compagnons de travail. Tout un symbole.
Je ne les ai pas connus. Enfin, si. Presque.
Car ma mère, elle, avait parlé. Son  amour pour eux. Et le leur.

dimanche 20 mai 2012

20 mai 2012 (65/366)

"Aujourd'hui une consigne"

Pour rester dans le projet, la plus simple de toutes : n’en respecter  qu’une, mais  la bonne. Celle du jour.
En cherchant la consigne 366 d’aujourd’hui, je me suis aperçue qu’hier je me suis trompée. J’ai suivi celle de la veille. Même pas fait exprès.
Overdose des consignes ?
Un peu comme mon ordinateur, par exemple. Aujourd’hui, il en a assez des consignes. Toutes celles qu’il possède dans les processeurs de son cerveau électronique. On le branche, on le débranche : rien n’y fait. Subitement, il prend la tangente, bientôt prêt à décoller.
Moi aussi, je décollerais bien .Un peu.
Ne plus avoir de consignes. Juste un moment, pour voir.

samedi 19 mai 2012

19 mai 2012 (64/366)

"Aujourd'hui elle a dit"


Elle a vu récemment  dans un village voisin, une chose qui l’a choquée. Elle a photographié un mur. Un mur de pierres anciennes, où une ouverture avait été bouchée de briques creuses. Mais pas complètement. En laissant des interstices réguliers.  Quelque chose de bizarre.
Puis  elle n’a pas su quoi faire de la photo. Ne comprenant pas pourquoi  ce mur l’avait hypnotisée.
L’image n’était pas belle, mais est restée dans sa tête. Comme s’il fallait de toute façon lui trouver une raison d’être. Presqu’un exorcisme.
D’abord  un titre. Donner un nom à l’image devait permettre de rompre la magie.
Elle a réfléchi pendant deux jours.
Aujourd'hui , elle a accepté les mystères.
Le mystère qui fait que certaines choses doivent être cachées, mais que c’est en les cachant qu’on les voit le mieux.
Le mystère qui fait que ce sont des choses laides qui paraissent soudain les plus belles.
Et celui qui dit que l’incohérence d’un mur, provisoirement rafistolé dans un monde de pauvreté, peut conduire à l’art.
Elle a nommé l’image « le mur des mystères ».
Alors la lumière du mur s’est éteinte.

mardi 15 mai 2012

15 mai 2012 (63/366)


Mardi 15 mai
"Hier enfant"

Je n’ai rien écrit.
Il y a eu un blanc.
Un ange passe.
Forcément.


« Aujourd’hui un mot anglais »
Je vote pour Okay. Ou O.K. si on veut. OK ?
J’aime bien être d’accord. C’est plus cool.
Ah, stop, là je dépasse la consigne : on a dit 1 mot, pas 36.
OK, je l’ai entendu 8 fois aujourd’hui. Et je l’ai écrit au moins 5 fois. J’ai compté.
Monsieur Internet me dit que cela vient peut-être de Oll Korrect, déformation de « all correct ». Zut, cela fait 2 mots (OK), mais 1 sigle.
Parfois une origine marine : 0 (zéro) killed dans le bateau.
Et notre bateau hollandais qui appareille aujourd’hui, OK ? Zéro Killed ?

dimanche 13 mai 2012

13 mai 2012 (61/366)

"Aujourd'hui la première question qu'on va vous poser"

Même pas dure, celle-là.
C'est un rituel.
Tous les matins, D me demande "Alors, as-tu bien dormi ?"
Et moi je réponds "Oui (ou bof, ou non, très mal, ça dépend), et toi?"
C'est assez simple, comme dialogue.
Mais c'est important.
Quand cela n'existera plus, cela manquera.

samedi 12 mai 2012

12 mai 2012 (60/366)

"Fragment d'aujourd'hui raconté en poésie"


Aujourd’hui? Jour de grand  vent 
Les  bromes étincelants
Se couchaient sur les blés vert brillant
Et des poissons d’argent
Nageaient  dans les champs.

vendredi 11 mai 2012

11 mai 2012 (59/366)

"Aujourd'hui il faut que"

Elle est bien bonne celle-là !
La pire de toutes, peut-être. Trop banale pour souscrire. Et pourtant, il FAUT écrire.
Par exemple, maintenant il FAUT que j’aille à la poste.
Depuis si longtemps  que cela ressemblerait bien à toujours, ou si rarement, je ne me demande plus ce que j’ai envie de faire.
Au moindre air de liberté, la question  porte sur ce qu’aujourd’hui il FAUT faire. La réponse est simple à trouver : j’écris des listes exprès pour ça. Et des listes de listes.
Le comble : ce projet  366 qui me contraint à prendre une photo par jour. Certains camarades se chargent d’ailleurs de me rappeler la règle, car je prendrais bien mes aises. Un peu surveillée.
Faut-il être folle  pour ne pas tout envoyer promener?
Dans ce  « IL FAUT QUE », je vois un asservissement permanent. Un programme de plomb,  une sorte de joug. Une confusion étouffante, mélange entre vouloir et devoir. Où le devoir écrase le vouloir.
Il FAUDRAIT  que je change cela.
Bon, maintenant, zut, il FAUT VRAIMENT que j'aille à la poste.

jeudi 10 mai 2012

10 mai 2012 (58/366)

"Aujourd'hui une multitude de"

J’avance.
Quelques bribes de souvenirs refont surface.
Comme tous les enfants curieux, j’avais posé des questions. Sur la famille de mon père.
Car cela restait mystérieux.
J’entendais souvent mes parents parler de « Tante Marie ». Que je n’ai peut-être pas connue. Je ne sais pas.
Mon père avait esquivé.
Ma mère avait avoué qu’elle se perdait un peu dans cette famille-là. Elle avait dit : c’est un peu compliqué, il y en a plusieurs, des « Tante Marie ».
Ils ne m’ont pas beaucoup aidée.
En suivant les pointillés, j'en découvre une multitude.

mercredi 9 mai 2012

9 mai 2012 (57/366)

"Aujourd'hui ventre"
Bientôt une réunion entre des camarades syndicalistes.
J’ai bien ri en recevant ce matin une avalanche de mails sur le sujet.
Pour fixer l’ordre du jour ?
Que nenni !
Il s’agissait de débattre du déjeuner de midi.
Apportait-on chacun des victuailles ? Et dans ce cas, qui apportait quoi ? Car il fallait bien savoir, pour qu’il y ait de tout et pas seulement du salé, ou du sucré.
Puis quelqu’un a proposé de commander des pizzas. Presque tout le monde a voté « pizza ». Sauf une qui est au régime et a proposé du vin à la place. Donc elle a voté « vin ».
Sauf une autre qui avait cru que c’était déjà décidé et avait préparé un cake salé. Alors elle a voté « cake salé » en proposant (éventuellement) de commander moins de pizzas.
Je ne sais s'ils vont discuter de l'ordre du jour, mais ils vont sûrement bien manger (et bien boire!).

mardi 8 mai 2012

8 mai 2012 (56/366)

"Aujourd'hui la ligne qui va de "

Dans les généalogies familiales idéales, celles des livres, il y a des lignes partout.
Ascendantes, descendantes, remarquables, principales ou secondaires, c’est  une forêt qui s’annonce. Possible.
Moi je n’ai que des pointillés. Des lignes faites de trous, si on veut.
Presque rien.
Entre l’oubli, les non-dits, les séparations, les cachotteries, les disparus dans des guerres étrangères,  les ancêtres sans héritiers,  les destructions, les irrémédiables fâcheries, pour des motifs que nul n’a osés dire... et cerise sur le gâteau,  un zeste  de dérangement mental, une petite voix malsaine me dit que j’ai  déjà échoué. Avant d’avoir commencé.
La ligne qui remonte vers  mes aïeux est semée d’embûches. Tout de suite.
Je pense qu’ils n’auraient pas voulu qu’on l’emprunte.
Comme s’ils en avaient même déjà préparé les pièges.
Incognito à perpétuité.
Je crois que je commence à comprendre.
Alors je suivrai les pointillés jusqu'au bout, coûte que coûte. Ce cadeau insupportable.


PS:comme souvent, trop de mots. Tant pis.

lundi 7 mai 2012

7 mai 2012 (55/366)

Aujourd'hui pour semblant de"


Qu’ils soient syndicalistes, militants, ou simplement « engagés », sans pour autant avoir « la carte », certains ne cachent pas leurs opinions politiques, voire les affichent ouvertement dans les conversations, quand ils ne vont pas les clamer dans la rue, au rythme des manifestations populaires. On les reconnaît alors sur une photo de journal, brandissant une banderole. J’appartiens un peu à cette équipe-là.
D’autres restent infiniment plus discrets, leur position hiérarchique expliquant peut-être en partie leur réserve, qui les conduit à ne jamais prendre parti ni pour l’un, ni pour l’autre. Éternellement d’accord avec tout le monde, ne s’opposant à personne. Leurs paroles en écho à celui qui vient de s’exprimer. On peut les côtoyer depuis toujours sans savoir ce qu’au fond ils pensent.
Parce que, finalement, ils doivent bien penser quelque chose.
B fait plutôt partie du second groupe. Mais ce matin, non sans avoir frappé, il a ouvert la porte de mon bureau, rien que pour me dire bonjour. Tout simplement. Ce qu’il ne fait jamais.
Il devait savoir ce qu’il trouverait derrière la porte : un sourire large.
Voulait-il vérifier ?
Je l’ai regardé plus attentivement. Dans ses yeux, j’ai vu une sorte de lumière. Que cette fois, il n’a pas pu masquer.
Comme il doit être ardu, parfois, de faire « comme si de rien n’était » !
De jouer ce rôle semi transparent, style vague écran de fumée: faire semblant "de rien"...



PS: trop long, désolée 

6 mai 2012 (54/366)

 " Aujourd'hui carré parfait"


                      O
                 O       U
            O       U       F
                 U        F
                       F


(ou presque)

samedi 5 mai 2012

5 mai 2012 (53/366)

« Aujourd’hui je pourrais tout aussi bien »
Le temps était gris .Je suis allée tout de même  comme chaque année, au Marché des Potiers.
Une chorale y chantait, avec bien du mérite, dans une salle froide où les gens se restauraient.  Et surtout, parlaient.  Bien sûr. Quel vacarme…
J’ai écouté les chanteurs avec attention, car par hasard (ou presque), j’aurais dû croiser ce groupe voici quelque temps. Les propos, le contexte  et les noms, je les connaissais déjà, par messagerie interposée.
On ne pouvait me reconnaître.
J’aurais pu saluer, me nommer, me faire connaître à mon tour.
Mais je n’ai rien dit.
Cet éternel besoin de rester  dans l’ombre.
Quelque chose de génétique.
Incognito à perpétuité.

vendredi 4 mai 2012

4 mai 2012 (52/366)

"Aujourd'hui insecte"


Je lisais ce matin les notes généalogiques dont je dispose, grâce à B, un cousin éloigné, par alliance, comme on dit.
Quête familiale oblige.
La question de départ était : mon père avait-il des cousins germains ?
Probablement non.
Mais la question du jour est naturellement sortie du chapeau à souvenirs.
Je me la suis posée déjà mille fois.
Pourquoi appelle-t-on cousins certains Tipules (insectes de la famille des Tipulidae).
Ces insectes fort maladroits à très grandes pattes, qui se cognent le soir le long de nos murs de pénombre.
Internet répond : « le mystère des noms vernaculaires ».
Me voilà bien avancée.
L'enquête n'est pas finie.

PS: le bonus du jour est ici 
bonus
Je n'ai pas trouvé de cousin là non plus

jeudi 3 mai 2012

3 mai 2012 (51/366)

"Aujourd'hui ce qu'il y a dedans"

Ce midi j'ouvre la porte du bureau. Une fraîche odeur de fleur flottait dans l'air.
J'ai regardé un peu partout.
Quelque personne parfumée était-elle entrée dans la pièce, laissant ainsi trace de son passage ?
Mais non.
Ce qu'il y avait dedans: un petit bouquet de muguet dans un gobelet d'eau.
Posé devant l'écran d'ordinateur.
Quelqu'un était venu déposer discrètement quelques fleurs cueillies dans son jardin.
Sans signature.
Il y a parfois de jolis petits bonheurs, même au bureau.